FAIRE LE DEUIL

La perte d'un être cher est sans aucun doute la chose la plus douloureuse que l'on puisse vivre.
La mort fait partie de la vie et bien que nous le sachions, nous n’y sommes jamais vraiment préparés, ni à la perte en tant que telle, ni aux étapes que nous allons devoir traverser, souvent seuls.
 
Aujourd’hui nous nous croyons un peu immortels, la mort a été évacuée de notre quotidien. L’amélioration des conditions de vie, les progrès en médecine sont autant d’éléments qui font la mort fait moins partie de notre vie.
 
Il y a cent ans, la plupart des familles avaient perdu un enfant en bas âge. Les gens mouraient plutôt jeune à la maison, entourés de leur famille. De plus, les peuples étaient davantage croyants (quelle que soit leur religion ou sensibilité à « plus grand que soit »), de ce fait, la mort avait un sens. Elle n'était pas une fin, mais une étape, un passage. Et chacun prenait le temps d’accompagner ses morts et de faire ses adieux.
 
De nos jours, la mort est cachée, souvent aseptisée, isolée…. Il est donc difficile, dans ces circonstances, de vivre son deuil ou d'aider un proche à passer à travers cette épreuve. A peine la personne a rendu son dernier souffle qu’il faut l’enterrée, rentrer dans des démarches administratives puis reprendre le rythme effréné de sa vie.
 
Pourtant le processus de deuil prend du temps. Un deuil mal vécu peut avoir des effets dévastateurs sur notre santé physique et mentale alors qu’un deuil fait en se respectant, en s’écoutant peut être réparateur. S’il n’y pas de durée établie, l’intensité de la douleur dépend du lien avec le défunt et les circonstances (une mort brusque sera plus difficile à vivre qu’un départ accompagné). Et la douleur la plus dure qu’il soit est la perte d’un enfant car elle va à l’encontre du sens naturel du cycle de la vie.
 
Les étapes du deuil
 
Chaque deuil est unique. Certaines de ces étapes peuvent être vécues avec plus d'intensité ou plus longuement que d'autres et elles peuvent se vivre dans un autre ordre, dans le désordre, se reproduire (la tristesse peut par exemple revenir plusieurs fois avant l’acceptation) à l’exception du choc qui sera toujours en premier et de l’acceptation qui clôturera le cycle.
1. Le choc / le déni
À l'annonce de la mort, on entre dans une sorte de bulle. On se sent anesthésié et détaché. On se sent exclu de la vie normale et du monde des vivants. Certains refusent même de croire ce qui arrive.
 
2. La colère
On en veut à l'être aimé d'être « parti », on en veut à la vie, aux circonstances, à tous ceux qui n’ont pas pu, n’ont pas su, bref on ressent une vive colère et il nous faut trouver un coupable même si cela doit être soi ou le défunt.
 
3. Le marchandage
On veut retrouver notre vie « d'avant » et on est prêt à changer pour que cela arrive. Il s'agit d'une autre forme de déni de la réalité. Bien qu'on ne croit pas réellement au retour du défunt, on négocie « Si il revient, si elle revient, je vais…. Je promets… ».
 
4. La dépression/la tristesse
C’est la prise de conscience qu'on ne reverra plus jamais la personne décédée, qu’on ne partagera plus rien du tout avec elle. La tristesse nous submerge et fait parfois place à la dépression.
 
5. L'acceptation
Il faut du temps, mais petit à petit on se crée une nouvelle vie, sans l’autre, de nouveaux rituels, de nouveaux projets, de nouveaux rêves. On pense toujours à la personne décédée, mais de façon de moins constante, avec une douleur moins vive. Souvent ce sont les bons souvenirs qui refont surface et amène un sourire sur le visage.
 
Quelques pistes…
 
1. Soyez indulgent avec vous-même
Le processus de guérison prend du temps et certains jours seront plus difficiles que d'autres. Il est important d’accepter son état d’être, de penser et de laisser son corps se poser, se reposer et de ressentir ses émotions.
 
2. Exprimez ce que vous ressentez
Souvent on n’a pas tout dit à l’être aimé. Prendre le temps de lui parler, de lui écrire pour dire ce qui n’a pas été dit, les bonheurs, les colères…et quand c’est juste, de le remercier pour avoir fait partie de votre vie, l’espace d’un instant.
 
3. Demandez de l'aide à vos proches ou à un thérapeute
Ne soyez pas surpris si, après quelques mois, le téléphone cesse de sonner. La mort est un sujet qui rend beaucoup de gens très mal à l'aise. Vos proches pensent toujours à vous, mais ne savent sans doute pas quoi faire ou quoi dire et puis leur vie et la vôtre ont repris leur cours….
N'hésitez pas à leur dire que tout ce dont vous avez besoin, c'est de leur écoute et de leur présence. Il est important de briser l'isolement. Et s’ils ne sont pas en capacité de le faire, tournez-vous vers une personne qui pourra le faire ou un groupe de parole.
 
 
A lire en complément : Le train de la vie, Jean D’Ormesson.

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